Interpeller un diocèse

« Il est reconnu à tout catholique, qu'il soit prêtre, diacre ou fidèle laïc, le droit de se plaindre d'un abus liturgique, auprès de l'Évêque diocésain [...] Cela doit toujours se faire dans un esprit de vérité et de charité. »

Redemptionis Sacramentum, §184

Informations importantes

Cet outil vous permet de générer une lettre type pour interpeller un diocèse concernant un abus liturgique.

La lettre sera rédigée de manière respectueuse et factuelle, en citant les textes officiels de l'Église.

Vous pourrez copier cette lettre et l'envoyer par e-mail au diocèse concerné.

Sélection du diocèse

Veuillez saisir l'adresse e-mail du diocèse.

Lettre type

Date : 17/06/2025

À Son Excellence
Monseigneur l'Évêque de [Nom du diocèse]

Objet : Signalement d'un abus liturgique

Excellence,

C'est avec un profond respect pour votre ministère épiscopal et votre charge pastorale que nous portons à votre attention un écart liturgique observé dans votre diocèse.


Informations sur l'abus constaté :
- Paroisse/Lieu : Eglise paroissiale d'Aichach
- Date : 07/07/2024
- Type d'abus : Instrumentalisation profane d’un lieu liturgique sacré
- Référence : 683eced02a198
- Lien vers la fiche détaillée : https://reverenter.org/abus/683eced02a198.php

Description de l'abus : 
Le 7 juillet 2024, l’église paroissiale d’Aichach (Bavière) a été le théâtre d’une scène aussi virale que controversée : au beau milieu de la messe célébrée pour des jeunes en préparation à la confirmation, un cycliste en VTT a bondi dans le chœur, sauté les marches, contourné l’autel, avant de redescendre sous les applaudissements des fidèles. Cette séquence spectaculaire — filmée et diffusée par la paroisse elle-même — a été vue plus de 15 millions de fois sur les réseaux sociaux, déclenchant un flot de commentaires enthousiastes, mais aussi une vive indignation dans le monde catholique.

Le curé de la paroisse, le père Herbert Gugler, a justifié cette “action liturgique” comme un prolongement visuel de son homélie, construite sur la métaphore de l’huile : celle de la chaîne de vélo et celle du saint chrême, toutes deux nécessaires pour “faire avancer la vie spirituelle”. L’intention pastorale était de rendre la messe “parlante” et attractive pour les jeunes. Mais ce choix de pédagogie par le choc soulève une question essentielle : jusqu’où peut-on aller pour “parler au monde” sans trahir la nature même de la liturgie ?

Car ce qui choque ici n’est pas seulement la forme insolite de l’illustration, mais l’introduction d’un élément purement profane et ludique dans l’espace sacré du chœur, en pleine messe. L’autel, lieu du sacrifice eucharistique, a été contourné par un VTT comme s’il s’agissait d’un module de skatepark. Or, la messe n’est pas une saynète pédagogique ni un spectacle didactique : c’est le renouvellement du mystère pascal, une action sacrée centrée sur le Christ, non sur l’animation.

De nombreux fidèles, en Allemagne comme à l’international, ont dénoncé ce qu’ils perçoivent comme une désacralisation spectaculaire. Certains y voient un nouveau symptôme de l’effacement du sens du sacré au profit d’une logique de “communication” et de “viralité” sur les réseaux sociaux. Si l’on souhaite évangéliser, affirment-ils, cela ne peut se faire en banalisant ce qui est le plus saint.

Ce genre d’initiative, aussi bien intentionnée soit-elle, pose donc une vraie question liturgique : la messe peut-elle devenir un prétexte à des démonstrations artistiques ou sportives sans que cela ne rompe la dignité de l’acte sacré ? Quand le sanctuaire devient une scène et le prêtre un metteur en scène, ce n’est plus seulement une originalité pastorale — c’est un abus liturgique par instrumentalisation profane du lieu sacré.


Cette démarche s'inscrit dans l'esprit de l'Instruction Redemptionis Sacramentum qui reconnaît, au paragraphe 184, « à tout catholique, qu'il soit prêtre, diacre ou fidèle laïc, le droit de se plaindre d'un abus liturgique, auprès de l'Évêque diocésain [...] dans un esprit de vérité et de charité. »

Il va sans dire que la liturgie demeure sous l'autorité de l'évêque diocésain, comme le stipule la Présentation Générale du Missel Romain (§387) : « Il appartient à l'évêque diocésain, qui doit être considéré comme le grand prêtre de son troupeau [...] de favoriser la vie liturgique dans son diocèse, la régler et veiller sur elle. »

Ce signalement s'appuie sur les principes établis par le Concile Vatican II dans Sacrosanctum Concilium (§22 §3) : « Personne, fût-il prêtre, ne peut ajouter, enlever ou changer quoi que ce soit dans la liturgie de sa propre initiative. »

Nous vous serions infiniment reconnaissants de bien vouloir prendre en considération cette situation et, selon votre discernement pastoral, d'envisager les dispositions que vous jugerez appropriées.

Dans l'attente de votre bienveillante attention, nous vous prions d'agréer, Excellence, l'expression de notre profond respect et de notre filiale obéissance.

In Christo,

[Votre nom]